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Un récit est un système complexe: l'action racontée par un narrateur selon un certain point de vue constitue un emboîtement logique parce qu'une situation va entraîner un certain type d'actions, pas n'importe lesquelles. Cette succession d'événements, appelée intrigue, se déroule autour de personnages plantés dans un décor et placés sur l'axe du temps.
Pour la facilité de l'apprentissage on peut distinguer l'histoire (on dit aussi la fable) et sa narration.
Isolons d'abord la structure du récit (le scénario).
Un récit est un enchaînement logique d'actions (coupées de descriptions) qui peuvent être groupées en séquences narratives. Une séquence contient trois termes :
Ce " schéma des possibles narratifs " de C. Brémond illustre clairement qu'un récit peut se développer à l'infini puisque chaque passage à l'acte ou transformation peut donner lieu à une ou plusieurs nouvelles séquences.
Un texte se découpe en paragraphes, mais ce découpage ne correspond pas toujours au découpage en unités narratives. Pour repérer celles-ci, on recherchera les ruptures:
Il arrive que, dans un récit, un récit secondaire ou sous-récit ou micro-récit soit incorporé, enchâssé.
L'ensemble du récit apparaît comme une large séquence englobante construite en trois temps (schéma narratif):
La situation initiale est caractérisée par un déséquilibre, un manque à combler, une éventualité. Elle contient des informations essentielles pour une bonne compréhension de la suite, elle nous donne, en général, le nom des personnages, elle nous livre des indications de temps et de lieu.
Entre la situation initiale et la transformation se situe l'élément modificateur ou perturbateur: il est souvent annoncé par un indice de temps et il est marqué par un changement de conjugaison. Il vise à rompre l'équilibre de la situation initiale. Il est le premier événement d'une série d'autres qui découlent de lui.
La ou les transformations (épreuves, péripéties, événements...) vise(nt) à rétablir l'équilibre. Ce qu'on désigne de cette façon ce ne sont pas des détails futiles, mais des événements significatifs qui constituent des étapes du récit.
L'élément qui résout d'une façon positive ou négative le problème créé par l'élément modificateur s'appelle élément rééquilibrant ou élément de résolution
La situation finale est atteinte lorsque l'équilibre est rétabli ou lorsqu'il ne peut définitivement plus être rétabli.
Pour trouver la situation initiale, essayez de répondre aux questions suivantes :
Conseil de procédure: reconnaître d'abord la situation finale puis la situation initiale, ensuite les éléments de perturbation (déclencheur) et de résolution (rééquilibrant) et terminer par les transformations.
L'intrigue se constitue à partir d'un nombre variable de séquences qui peuvent se combiner de trois façons différentes :
Le récit peut se construire aussi selon d'autres logiques, par exemple en cascade avec retour systématique à la situation initiale, ou en inversant les données (situation finale = contraire de la situation initiale), etc.
Dans le récit ordinaire, ces séquences disposées en gradation ascendante (montée de la tension) assurent une progression de l'intérêt jusqu'au climax (sommet de la tension dramatique) et se résout à ce moment (dénouement). Dans la nouvelle, la tension peut être soutenue jusqu'à la dernière phrase, essentielle.
Le schéma actanciel de Greimas propose un autre modèle basé sur les fonctions des actants et une suite de trois épreuves:
Le Destinateur est l'actant qui charge le héros d'une mission. Le Héros est celui qui réussit à s'emparer de l'Objet ou Objet magique (qui n'est pas nécessairement une chose). Le Destinataire, celui à qui le Héros doit remettre l'Objet. Un même personnage peut remplir la fonction de plusieurs actants. La notion d'actant ne coïncide pas avec la notion de personnage: l'actant est une force motrice du récit.
L'épreuve qualifiante est l'épreuve
au cours de laquelle un personnage apparaît comme Héros.
L'épreuve principale est l'épreuve ou la suite d'épreuves
au cours de laquelle le Héros atteint, s'empare de l'Objet.
L'épreuve glorifiante est celle au cours de laquelle le Héros
remet l'Objet au Destinataire.
Les personnages, à distinguer des personnes, sont dotés par l'auteur d'une apparence physique, d'une personnalité et d'une identité. Ces éléments sont transmis en caractérisation directe lorsque l'auteur les donne explicitement; en caractérisation indirecte lorsque le lecteur doit les deviner à partir d'éléments (vêtements, allure, langage, accent, particularités physiques ).
Le personnage intervient dans le récit soit pour subir les actions, on dit alors qu'il a un rôle de patient; soit pour les provoquer, il est alors appelé agent. Ces rôles peuvent être volontaires ou involontaires. Un même personnage peut au cours du récit changer de rôle.
Habituellement, les personnages sont conçus à partir de quatre catégories:
le rôle (agent ou patient) | narratologie |
l' identité (nom, âge, profession, adresse, famille ...) | sociologie |
le physique (taille, visage, cheveux ...) | physiologie |
la personnalité (ou le caractère). | psychologie |
La toile de fond sur laquelle évoluent les personnages s'appelle, dans le récit comme au théâtre, le décor. Mais il est aussi actif dans le récit, nous allons le voir. Dans n'importe quel récit, le décor, réel, est toujours le fruit de l'imagination et de la sélection de l'auteur. Il peut être totalement invraisemblable, surréaliste et faire "décoller" le lecteur du plan de la réalité (fantastique, surréalisme...) ou apparaître comme vraisemblable, conforme à la réalité, cherchant à donner l'illusion d'un monde réel (réalisme ).
Le lecteur compétent doit être capable de situer les événements, d’observer les changements de décor, d’interpréter les descriptions des lieux, des choses, des paysages.
C'est-à-dire de répondre à la question : qu'est-ce que cet élément de décor (inventé par l'auteur !) va apporter de plus à l'histoire, au récit ? D' établir des liens avec la suite de l'histoire, avec le sens du récit.
On peut décrire un fait (description des lieux et des faits : un accident, par exemple), une action (description du déroulement d'une réunion) ou un être (chose, animal, humain) au repos ou en mouvement. L'ensemble de ces "objets" de la description (la nomenclature) est parfois représenté par un arbre :
L'OBJET global de la description, le thème, est représenté
Cet objet global de la description peut donc conduire à
envisager un ou des objets secondaires.
Le schéma, l'arbre, devient alors :
Une autre structure, plus simple, consiste à partir d'un détail, d'un point de vue pour découvrir un ensemble et conduire à un trait final (zoom).
Un texte scientifique, un inventaire de notaire, un procès-verbal de policier s'attacheront à décrire le plus complètement possible un fait, un événement ou un lieu.
Ce n'est pas l'objectif de la plupart des descriptions littéraires où l'auteur choisit dans la masse des informations qu'il a perçues, celles qui créeront une impression d'ensemble. Comme un peintre, à partir des éléments qu'il observe dans le monde naturel, invente, selon son gré, un monde artificiel; l'écrivain choisit dans les cent cinquante maisons d'un village de n'en montrer qu'une qui convient au personnage et à l'intrigue qu'il élabore et encore, de cette maison, ne conservera-t-il que les éléments signifiants, susceptibles de révéler sa vision du monde.
La description remplit une triple fonction dans le récit.
1 - L'énoncé descriptif cherche à rendre un objet, ou un aspect de celui-ci, présent à nos sens, à notre imagination, à notre sensibilité. L'auteur accumule des éléments pour faire vrai, pour nourrir l'imagination du lecteur, pour re-créer un décor dans son cerveau. C'est la fonction visualisatrice.
2 - L'énoncé descriptif est aussi un moyen permettant de retarder le récit des événements. Généralement, il produit un effet de suspens, ou en tout cas il provoque une attente. C'est la fonction dilatoire. Dans de nombreux cas, on pourrait parler de fonction esthétique parce que c'est souvent l'occasion pour l'auteur d'écrire une belle page.
3 - L'énoncé descriptif doit être au service d'un texte beaucoup plus long, il doit participer et s'intégrer au drame. C'est sa fonction de dramatisation ou fonction dramatique.
De même que notre sensibilité donne au temps une durée très subjective en fonction de nos états d'âme sans trop se préoccuper du temps tel qu'il est découpé et mesuré par la science, le temps du récit (temps de fiction) ne respecte pas le temps réel.
Tout récit tisse des relations entre deux séries temporelles : le temps de la fiction et le temps de la narration.
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Un auteur peut modifier la vitesse de l'écoulement du temps: il installe une pause (le temps cesse de s'écouler) ou un sommaire (le temps est passé en revue accélérée). Cela permet donc de ralentir l'action, de la comprimer ou même de l'escamoter purement et simplement (ellipse).
L'auteur dispose aussi du pouvoir de nous transférer dans le passé (flash-back) ou l'avenir (anticipation). Les indications temporelles apparaissent dans le récit sous la forme de phrases, de GN, de GN prépositionnels, d'adverbes.
On raconte une fois un événement qui s'est passé une fois: c'est le récit singulatif.
On raconte une fois des événements similaires qui se sont produits plusieurs fois: c'est le récit itératif.
On raconte plusieurs fois un événement qui s'est produit une seule fois: c'est le récit répétitif.
Pour visualiser la façon dont un auteur a construit le déroulement temporel de son récit (" temps de narration "), on dispose tous les événements de ce récit dans l'ordre chronologique (" temps de fiction ") sur un axe, une "ligne du temps" fort proche de celles qu'on réalise au cours d'Histoire.
Sur cet axe apparaît à gauche l'événement le plus ancien qu'évoque le récit et à droite le plus récent. Au-dessus de cet axe on situe les différents événements dans l'ordre chronologique et on indique leur début et leur fin ou leur durée. Pour cela on se sert des renseignements que le texte livre explicitement, on peut aussi procéder par déduction.
Le début et la fin de ces événements sont marqués par des traits verticaux qui dépassent la ligne horizontale et aboutissent à la référence (numéro de ligne, de plan ).
L'axe est tracé en continu lorsque les événements sont évoqués de façon continue; en pointillés lorsqu'il y a accélération : ellipse ou sommaire.
Les flash-back et les anticipations sont dessinés à leur place chronologique et reliés à l'endroit de leur insertion dans le récit.
On approche de la perfection lorsqu'on dessine des espaces proportionnels soit à la durée fictive (temps de la fiction), soit à l'importance du texte qui les évoque (temps de la narration).
Le récit de fiction est toujours un produit de l'imagination, de l'invention d'un auteur même s'il présente des analogies avec la réalité. Parfois cet auteur annonce clairement son rôle créateur, parfois au contraire il fait croire par une «stratégie d'authentification» que le récit qu'il a inventé s'est réellement passé.
Le terme modalisation désigne la distance plus ou moins grande du texte vis-à-vis du réel. Trois paramètres entrent en jeu :
Le texte de fiction joue sur l'
illusion quand il se présente
comme réel, quand il fait oublier qu'il est une invention,une fiction.
On dit qu'il est placé sur le mode de l' allusion
lorsqu'il exprime explicitement l'intervention, la médiation opérée
par l'auteur, lorsqu'il signale ouvertement qu'il s'agit non d'événements
réels mais d'une représentation du réel (ex:
Il était une fois ... / C'est l'histoire d'un garçon ... /
On disait que ... ).
Ainsi, dans Jacques le fataliste et son maître (1796) Diderot intervient dans la fiction en tant qu'auteur, rappelant au lecteur que son récit est inventé :
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Ecrire une histoire requiert la présence d'un narrateur distinct de l'auteur .
L'auteur est la personne réelle qui vit en un lieu et à une époque donnés et crée une uvre.
Le narrateur est le personnage qui raconte le récit. Il est indispensable. Toutefois, l 'auteur choisit de le présenter explicitement (représenté) ou non (effacé).
L'effet de réel (illusion) s'accentue lorsque l'auteur se dissimule derrière un narrateur-témoin qui prétend avoir observé les faits.
Par contre, les interventions du narrateur pour annoncer, rappeler, justifier ou montrer sa complicité au lecteur atténuent l'effet de réel (allusion).
Lorsque l'auteur décrit les événements comme s'il se déroulaient devant nous on parle de représentation (showing). Le narrateur semble avoir disparu: il donne un extrait qui semble avoir été enregistré sur le vif (par exemple tous les dialogues en discours direct).
Lorsqu'il résume des événements et accélère ainsi le rythme du récit, on parle de relation (telling). Les événements sont " filtrés " (sommaire, ellipses, ...).
Quelle partie des informations est dévoilée ? Focalisation est le terme qui désigne la position du narrateur par rapport à ce qu'il raconte. Les informations délivrées par un récit ne sont pas toujours de même qualité. Certains narrateurs, parce qu'ils sont des personnages, ne peuvent donner, par exemple, qu'une partie des informations. D'autres disposent de toutes les données et connaissent les pensées de tous les personnages d'un récit.
Pour clarifier ces situations diverses on peut classer les récits en trois catégories:
a/ le récit à focalisation zéro (non focalisé). NARRATEUR > PERSONNAGE(S)
Le narrateur qui n'est jamais lui-même un personnage, délivre plus d'informations que n'en pourrait délivrer aucun des protagonistes de l'action. Le narrateur omniscient et omniprésent domine les personnages, il connaît leurs pensées les plus secrètes, dévoile leurs masques, se trouve derrière plusieurs personnages à la fois, en plusieurs lieux simultanément.
Au cinéma :
caméra objective sans commentaire. Joel Surnow & Robert Cochran, 24 Heures Chrono, série 2001-2010.
http://data-allocine.blogomaniac.fr/mdata/2/6/5/
Z20041020161915740843562/img/1264521513_24_split_screen.jpgb/ le récit à focalisation interne NARRATEUR = PERSONNAGE
Le narrateur s'identifie à un personnage et délivre les seules informations que ce dernier peut délivrer. Parfois cette focalisation est fixe (le personnage est constamment le même) parfois elle est variable (le personnage change).
Au cinéma:
caméra subjective (champ visuel d'un personnage de l'histoire)
ou
caméra subjective + flash-back + monologue intérieur (voix du personnage sans le mouvement des lèvres.)Benjamin Asquié,
Ne jamais regarder par le trou d'une serrure,
http://www.flickr.com/photos/benii
/3218823016/in/photostreamRéticule FRF1 et FRF2
http://i27.servimg.com/u/f27/11/97/42/16/dscn3010.jpgc/ le récit à focalisation externe NARRATEUR < PERSONNAGE(S)
Le narrateur s'identifie à un observateur extérieur qui se borne à décrire un comportement appréhendé de l'extérieur.
Au cinéma :
caméra objective
(champ visuel d'un observateur étranger à l'histoire) et commentaire off.
H.-G. Clouzot, Le salaire de la peur, 1953
http://i664.photobucket.com/albums/vv9/
francomac123/Travail%20en%20cours/08-salaire_peur.jpgLes effets de la colère et du pardon
http://qualita1.unblog.fr/files/2008/08/colere.jpg
Remarque importante:
Le récit peut faire varier sa focalisation ou faire alterner narration focalisée et focalisation-zéro.
Quand l'auteur s'efface ou que le
récit est assumé par un narrateur non représenté,
il est généralement écrit à la personne («
Quentin arrêta son scooter et commença à fouiller ses
poches...»). Un récit à la 3e personne
peut contenir des dialogues en Je.
Le récit peut être raconté
à la 1e personne quand le narrateur (représenté)
raconte sa propre histoire (« Longtemps, je me suis
levé de bonne heure ... ») Il peut aussi faire croire
qu'il s'agit de la sienne alors qu'il ne l'a pas réellement vécue.
Ce je n'est donc pas toujours le héros ou l'auteur! Quand l'écrivain (ou le cinéaste) transcrit la réflexion d'un personnage, cela porte le nom de monologue intérieur. Cette technique favorise la participation à la vie intérieure du personnage et fait découvrir les autres au hasard de sa pensée.
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Les choix de narration :
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La vision du monde que présente un texte apparaît dans le regard subjectif qu'il propose (impose) sur le référent : les valeurs (bien / mal), les êtres vivants et particulièrement les personnes (hommes, femmes, enfants, leurs relations mutuelles), les sentiments (amour, haine, angoisse,...) et sur les thèmes philosophiques (la liberté, le bonheur, la connaissance, le pouvoir, le sens de la vie et de la mort, la justice, la violence, la souffrance, la religion, par exemple )
Certaines actions, certaines attitudes sont valorisées positivement (appréciées) ou négativement (dépréciées) par l'auteur d'un récit de fiction.
1. L'élève isole les éléments de l'intrigue. |
0 1 2 3 |
2. L'élève isole les éléments du décor.
Il est en mesure de les caractériser. |
0 1 2 3 |
3. L'élève décrit complètement un personnage important. (4 aspects) Il est en mesure de comparer des personnages. |
0 1 2 3 |
4. L'élève montre comment le temps est représenté. |
0 1 2 3 |
5. L'élève précise la focalisation et identifie un éventuel narrateur. |
0 1 2 |
6. L'élève détermine la voix narrative. |
0 1 2 |
7. L'élève reconnaît la modalisation (illusion, allusion). |
0 1 2 |
8. L'élève extrait le système des valeurs. |
0 1 2 |
Mise à jour 06.11.2011