Voici un compte rendu de spectacle théâtral rédigé par une élève.

Juste une dernière nuit.

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Le mercredi 15 novembre, je suis arrivée dans la salle du théâtre de l’Eden à Charleroi vers 20h30. Les sièges étaient remplis, beaucoup de jeunes d’autres écoles sûrement. Dans le fond des gradins, le technicien lumière et vidéo, Stephen Ferrari, prenait place. Le texte et la pièce ont été créés par Michel Azama, Jo Deseure, la comédienne a reçu en 2005, le prix de la meilleure comédienne de théâtre. La mise en scène a été réalisée par Sylvie Landuyt...

Les lumières s’estompent peu à peu, nous sommes partis pour plus ou moins une heure et demie de spectacle. Juste un bloc de béton qui devait faire approximativement 3 ou 4 mètres carrés et une lumière douce, orange pour l’éclairer.

Toute seule…

Mais… Elle est nue ! quelques gamins n’ayant pas encore atteint leur maturité crient leur « dégoût »… Oui, elle est nue. Et alors ? Elle a du courage ça c’est sûr, je suis tout de suite prise dans son histoire. Cette dame raconte ses seize ans d’incarcération, ce soir, c’est LA dernière nuit. Elle fait le point sur sa vie. Demain elle sort. La prisonnière appréhende de revoir ses deux gamins, vous imaginez: passer seize ans sans vos enfants ? Elle a peur. Tout à coup, elle reçoit un télégramme, la seule personne sur qui elle pouvait compter, qui allait lui redonner du courage, de la confiance, vient de décéder, sa maman, ce qu’elle avait de plus cher hors mis ses enfants… C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, comment va-t-elle faire toute seule pour affronter la vie ?

Les « flash back » sont omniprésents dans la pièce, d’ailleurs, je me suis embrouillée à quelques reprises. Elle raconte les souvenirs qu’elle a de ses enfants, elle s’imagine aussi lorsqu’elle sortira de prison, comment va-t-elle faire pour se trouver un travail avec son passé ? Le regard des gens lorsqu’elle va franchir la grille qui la séparait depuis 16ans du paradis, toutes ces questions sans aucune réponse mais avec beaucoup de stress…

Elle raconte aussi le manque affectif dans la prison, difficile de se faire des amies là-dedans, le manque sexuel est aussi là, la difficulté qu’il y a de ne pas se faire prendre pour une folle, comment voulez-vous rester calme pendant seize longues années, cela arrive à tout le monde de s’énerver, de péter un câble, mais quand on est en prison, on est tout de suite prise pour une folle, alors on vous bourre de médicaments jusqu’à ce que l’on dorme…

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Ce monologue est complété par un support vidéo, on peut y voir des pieds marchant dans des graviers, accompagné par une musique assez spéciale, un peu du genre à vous faire froid dans le dos…

Durant toute la pièce, il n’y a pas un seul bruit dans la salle, il faut dire qu’elle joue tellement bien, tout le monde est absorbé. Elle a tellement de prestance, elle chantonne, elle danse, elle change tout le temps d’humeur, elle passe du bonheur à la plus profonde des tristesses, à la peur, au stress, elle est totalement découragée puis se reprend en main, etc… etc…

La pièce se termine avec une musique étrange… Tout le monde applaudit, encore et encore, cela n’en finit plus. Je pense même qu’elle a pleuré… C’était beau.

Au niveau technique

Le théâtre de l’Eden est un théâtre contemporain, les sièges sont en gradin, il y a une régie au-dessus des gradins, la scène est assez spacieuse mais le théâtre en lui-même est petit.

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La représentation évoque la vraie vie des détenues. Je pense que la comédienne a eu recours à l’émotion pour nous faire comprendre la dureté de la prison.

La lumière orange est assez sombre , un peu comme son état d’esprit. Les musiques et le support vidéo créaient une ambiance assez spéciale, un peu glauque. Dans un décor nu, symbolique, Jo Deseure n’avait pas d’accessoires, à part une robe qu’elle a enfilée après quelques temps et un pull qu’elle a mis vers la fin de la pièce( robe blanche et pull gris).

Le jeu de l’actrice n’était pas commun, déjà elle était toute seule, criait par moment, gémissait, dansait,…

Un prix mérité.

J’ai trouvé cette pièce très bien construite, dans le sens où elle nous fait réfléchir, la pièce n’était pas vraiment une comme toutes les autres, l’ambiance était très différente, sombre mais personnellement j’ai tout de suite su me plonger dedans.

Je n’aimais pas trop les flash back, je trouve qu’il y en avait trop. Je me suis embrouillée à plusieurs reprises parce que je ne savais plus distinguer le présent du passé ou du futur.

Je ne suis pas étonnée que la comédienne ait reçu le prix de meilleure comédienne du théâtre en 2005, sa manière de jouer était spéciale mais envoûtante, elle a beaucoup de courage de se mettre nue comme cela devant je ne sais pas combien de personnes.

Sources :

  • Lien pour les références (mise en scène, etc…) : http://www.lestanneurs.be/index.php?page=45
  • Livret de PBA+EDEN saison 2006-2007.

Jill D. (5e TQ agent d'éducation) décembre 2006

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