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Vous souhaitez trouver un bref historique de la langue ?

Notes de linguistique française réalisées à partir de l'ouvrage de Marina YAGUELLO, Alice au pays du langage

10. Le sens

les fonctions du langage

le problème de la traduction

les spécificités du langage

l'arbitraire du signe

la redondance

le sens

le découpage des unités de langage

La langue est une combinatoire non-finie.

la double articulation

la grammaire

les morphèmes

les figures

les phonèmes

économie et gaspillage

la question de l'orthographe

la question du dictionnaire

les mots et les choses

la syntaxe

La question de la signification d'un énoncé exige la prise en compte d'un contexte et d'une situation de discours (facteurs sociaux et psychologiques). Le mot isolé a un sens mais pas de référence. La phrase a

- un sens issu du rapport créé entre les signes,

- une référence, c'est-à-dire une mise en rapport avec une situation même imaginaire.

Mais le sens ne repose pas seulement sur les mots (cfr son pur, poésie, comptines); la mélodie (slogans, proverbes) en dit "autant" que les paroles :

Qui trop embrasse manque le train.
C'est en schtroumfant qu'on devient schtroumpferon.
"A la demande, l'Idole créa l'Empêchement et l'Expérience. Mais l'Expérience était informe et vide; et les confirmations couvraient le traité et l'avarice de l'Idole se mouvait au-dessus des ouates.
L'Idole dit : "Que la Paupière soit"; et la Paupière fut. Et l'Idole vit que la paupière était bonne. Et l'Idole sépara la paupière des confirmations. L'Idole appela la paupière Mesure et les confirmations Preuve.
Et il y eut une aventure et il y eut une moutarde. Ce fut la première Mesure...
(R. QUENEAU)

Voir aussi la technique OULIPO "S+7" selon laquelle on remplace chaque mot d'un texte par le 7e de même classe qui le suit dans le dictionnaire. Si le dictionnaire est volumineux, des mots très rares apparaissent qui ont une haute valeur évocatrice à l'opposé des mots courants qui ne sont pas perçus en détail mais devinés, cfr Verlaine :

De la musique avant toute chose
Et pour cela, préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose
 
Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

La rime diffuse le sens; en mettant en rapport des signifiants qui se ressemblent, elle force un rapprochement des signifiés.

Le parallélisme grammatical est lié au rythme essentiellement binaire, bilatéral qui anime l'homme :

Tel père, tel fils.
Qui vole un oeuf, vole un boeuf.

Ce type de formulation, qui peut se ramener à deux grands types : opposition et comparaison, contribue de toute évidence au sens.

Tous les mots n'ont pas le même poids de sens. Les noms sont les plus riches et les moins redondants, puis, par ordre décroissant : adjectifs, verbes, adverbes, prépositions, conjonctions, articles et particules.Voici un exercice d'OULIPO créant à partir des seuls substantifs d'un poème, un autre poème :

la Première Pierre
La rue plus bas que terre
le puits sans fond d'où rien ne sort
la maison où je n'entre pas
contre la jetée la mer
casse ses vitres comme cassent les coeurs
dans des villes où l'on s'accouple pour mourir
dans les arbres où dorment les derniers navires
à travers le plaisir la distance appareille
un train passe en hurlant qui cherche le sommeil
et tant de mains qui ne savent ce qu'elles tiennent
ce qu'une main peut bien réellement tenir
et retenir d'un lit fripé par la sueur
tant de mains inertes sur la table
et qu'à cette heure un peu partout la lassitude considère
quand ma raison c'est cet octobre
tout recouvert du premier sang que tu versas
et qui goutte à goutte s'égoutte
sur l'amour que je n'oublie pas
Pierre
Une rue et la terre
un puits
une maison
une jetée et la mer
des vitres et des coeurs
des villes
des arbres et des navires
le plaisir et la distance
un train et le sommeil
des mains
une main
un lit et de la sueur
des mains et une table
l'heure et la lassitude
la raison et octobre
du sang
des gouttes
un amour.
 

Les poèmes tronqués, réduits à leur section rimante, révèlent l'accumulation du sens en fin de vers, le reste étant plus ou moins redondant. Queneau l'a illustré à partir d'un poème de S. Mallarmé :

Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change,
Le poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu pas
Que la mort triomphait dans cette voix étrange
 
Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange
 
Du sol et de la nue hostiles ô grief!
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne,
 
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur,
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noir vols du Blasphème épars dans le futur.
Change
nu
connu :
étrange!
 
L'ange
de la tribu
sortilège bu
noir mélange
 
ô grief!
Un bas-relief
s'orne
 
d'un désastre obscur :
sa borne
dans le futur.

Autre exemple, les hymnes spirituels écrits par Racine, si on les réduit au groupe de mots entourant la rime, font surgir des images amoureuses profanes en contradiction avec le sentiment d'élévation religieuse ouvertement affiché.

Cette répartition de sens, lorsqu'elle est délibérée, devient une technique de codage du message dans les "vers brisés", un jeu littéraire, qui prend parfois des aspects d'arme idéologique secrète comme on peut le voir dans l'exemple qui suit :

Vive, à jamais / l'empereur des Français
La famille royale / est indigne de vivre
Oublions désormais / la race des Capets
La race impériale / est celle qu'il faut suivre
Soyons donc le soutien / de ce Napoléon
Du Comte de Chambord / chassons l'âme hypocrite
C'est à lui qu'appartient / cette punition
La raison du plus fort / a son juste mérite.

ou dans celui-ci:

Mademoiselle,
Je m'empresse de vous écrire pour vous déclarer
que vous vous trompez beaucoup si vous croyez
que vous êtes celle pour qui je soupire.
Il est bien vrai que pour vous éprouver
je vous ai fait mille aveux. Après quoi
vous êtes devenue l'objet de ma raillerie. Ainsi
ne doutez plus de ce que vous a dit ici celui
qui n'a eu que de l'aversion pour vous, et
qui aimerait mieux mourir que de ...etc.

Lire une page dédiée aux vers brisés ?

Le sens est aussi lié aux fonctions de l'énoncé : paroles rituelles, religieuses ou magiques, comptines, ritournelles :

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette,...
La p'tite bête qui monte, qui monte...
Amstramgram, pique et pique ...
Pomme de reinette et pomme d'api...

La poésie

La poésie peut être définie comme une hésitation entre la forme et le sens; comme un langage où prime l'organisation phonétique, comme la quintessence du jeu d'où toute finalité est bannie. On assiste dans certains cas à une destruction du sens (voir le vertige qui nous prend à contempler un mot isolé). Mais est-ce encore de la poésie quand le langage n'est plus communion entre les hommes ?

D'autres formes de jeu poétique se fondent sur l'aspect visuel du mot : les Calligrammes révèlent un sens nouveau.

Parfois la parole, désémantisée, devient incantatoire : opéra, musique contemporaine.

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Mise à jour : 30.03.2008